dimanche 30 janvier 2011

Le monde arabe est en feu: dialogue avec un anarchiste syrien



par José Antonio Gutiérrez D. (Anarkismo)

Les grandes révoltes qui secouent le monde arabe au Yémen, en Algérie, en Tunisie et maintenant en Égypte ont pris tout le monde par surprise. Il s'agit, sans aucun doute, de l'un des plus important événement de notre époque. Le message est clair : aucun endroit dans le monde n'est condamné à être le terrain de jeu d'un dictateur-soutenu-par-les-impérialistes. Des régimes extraordinairement autoritaires comme celui de Ben Ali se sont montrés complètement impuissants face à 'un peuple en lutte, uni et déterminé. Les porteurs de ces rébellions sont jeunes, salariés ou chômeurs, des pauvres qui façonnent présentement le visage de la région, donnant des frissons aux cliques de Washington et Tel-Aviv. Toutes les armes amassées par le régime de Moubarak, toute l'aide militaire américaine n'ont pu empêcher la protestation de grandir de plus en plus. Ils font preuve de la puissance du peuple et de la classe ouvrière quand ils se rencontrent, ils montrent la capacité politique des gens ordinaires pour construire des organes de double pouvoir avec un clair instinct libertaire et ils révèlent au monde que nous sommes dans une ère de changement révolutionnaire. Nous avons eu un dialogue rapide avec notre camarade et ami Mazen Kamalmaz en Syrie, rédacteur du blog anarchiste arabe http://www.ahewar.org/m.asp?i=1385 qui parle de l'importance de ce développement politique splendide.

1. Il semble que tout à coup des vagues massives de protestations ébranlent les fondements de régimes oppressifs de longue date dans le monde arabe ... Y avait-il des signes que ces manifestations pourraient se produire?

C'est une des choses intéressantes à propos de cette vague révolutionnaire qui se répand dans le monde arabe, elle a frappé exactement alors que presque personne ne s'y attendait. Quelques jours seulement avant les manifestations de masse en Égypte, le secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a déclaré que le gouvernement égyptien était stable, et maintenant rien n'est stable dans la région: les masses sont en révolte et partout les régimes répressifs s'attendent au pire. Il y a des choses en commun à ces grands incidents, qui sont passé inaperçus pour les régimes, les hommes d'État et même les intellectuels, comme la colère qui était là, cachée, réduite au silence par la répression des États, la pauvreté et le chômage qui étaient en hausse partout ... mais les gouvernements, locaux et occidentaux, pensaient que cette colère pourrait être maintenue sous contrôle ... Nous savons maintenant à quel point ils avaient tort.

Lisez le reste sur causecommune.net

La diplomatie étasunienne fait la split!


Ce montage d'une qualité douteuse est une présentation du pain tranché.

mercredi 26 janvier 2011

Révolte et (forte) répression en Égypte

Inspirés par la récente victoire du peuple tunisien qui a réussit à chasser un dictateur du pouvoir, les Égyptiens et Égyptiennes ont décidé de prendre la rue d'assaut pour demander le départ du président Hosni Moubarak (un dictateur au pouvoir depuis 1981).

Malgré une interdiction de manifester décrétée par le pouvoir; de nombreuses personnes ont de nouveau manifesté aujourd'hui, pour une deuxième journée d'affilée. La police a fortement réprimé les manifestant(e)s; en deux jours ce sont 700 d'entre eux qui furent arrêtés. Des accrochages entre des policiers et manifestant(e)s ont causé la mort de quatre personnes jusqu'à maintenant (3 manifestants et 1 policier).

Ces protestations ont eu lieu malgré un avertissement du ministère de l'Intérieur égyptien, interdisant tout type de manifestation (même la plus pacifique qui soit). Fait intéressant à noter: ces manifestations sont les plus importantes à survenir en Égypte depuis la prise du pouvoir par Hosni Moubarak.

Ces dernières ont commencé après la chute de la dictateur tunisien Zine El Abidine Ben Ali, suite à la révolte tunisienne de la mi-janvier. Tout comme les Tunisiens et Tunisiennes, les habitant(e)s de l'Égypte en ont marre de la pauvreté, du chômage, de l'inflation et de la corruption; 40% d'entre eux vivant avec moins de deux dollars par jour.

Est-ce que le peuple égyptien réussira ce que le peuple tunisien à réussi ? Ce qui se passe dans ce pays démontre qu'il y a encore de l'espoir; malgré la force du discours néo-libéral actuel. Peut-être qu'une éventuelle victoire en terre égyptienne pourrait, une fois de plus, entraîner la chute d'un autre dictateur dans un autre pays arabe.

Voix de faits dans tes oreilles

Au menu cette semaine:
- Négocier votre bail 101
- La situation du logement
- Rencontre du FRAPRU avec le ministre
- Actualité internationale
- Entrevue avec Marie-Eve Rancourt de la Coalition opposée à la tarification



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Vous aimez Voix de faits? Encouragez la station CKIA en devenant membre (ça peut se faire en ligne avec une carte de crédit, il ne vous en coûtera que 20$).

* * *

Voix de faits c'est l'émission de radio du Collectif anarchiste La Nuit (UCL-Québec).

Actualité sociale, contre-culturelle et politique, info sur les luttes, coups de gueule et coups de cœur, ‘Voix de faits’ est la version radiophonique du blogue du même nom. Une autre façon d’occuper le terrain, d’exister politiquement. Une arme de plus dans les luttes sociales et politiques. Un point de ralliement dans la bataille des idées.

mardi 25 janvier 2011

L’imposture libertarienne dénoncée par les libertaires p.4/4

Le texte qui suit fait partie d'un document sans prétention qui constituerait une modeste analyse de la droite populiste. Vous êtes fortement invités à le commenter dans la section prévue à cet effet. Vos commentaires pourront certainement avoir un impact sur la version finale. Il sera publié en plusieurs morceaux dans les jours qui viennent. Il ne représente que les opinions de l'auteur. 

L’imposture libertarienne dénoncée par les libertaires p.4/4
Table des matières
Un début d’extrême-droite?
Leurs buts
Pourquoi notre discours ne passe pas
Ça vas-tu aider un parti en particulier?
La réponse des libertaires
Dénoncer l’imposture
Réinvestir le débat
Conserver nos acquis
Revendiquer le terrain
Se radicaliser

Un début d’extrême-droite?



Avec le regain d’intérêt de l’extrême droite en Europe, on ne peut s’empêcher de faire le parallèle avec nos propres droitistes. La question de savoir, est-ce que leur présence est une forme d’avant-garde à des mouvements plus extrémistes? Il est certain qu’en libérant un discours chargé de haine dans l’espace public, les droitistes contribuent à envenimer une brèche mentale. Marginal en ce moment, il est désormais plus probable qu’un discours anti-immigrant trouve sa place dans l’espace public dans les prochaines années. Le chemin commence à être déboisé.



Mais nos droitistes ressemblent plutôt aux adeptes du Tea Party aux États-Unis, qu’on pourrait qualifier d’extrême-droite, au moins sur le plan économique. D’ailleurs, les libertariens David et Charles Koch, magnas du pétrole, financent le mouvement Tea party au même titre que le think thank Réseau Liberté Québec (RLQ) et l’Institut Fraser, via Freedom Works (Une droite organisée mais par qui? Stéphane Nicolas, le Couac, décembre 2010).



“Lorsque le « mouvement populaire » du RLQ assure la promotion du « climato-scepticisme », ce n’est que le discours de ces deux des think tanks ultra-libéraux et conservateurs qu’il reprend, et ce sont bien les intérêts de la famille Koch qui s’expriment à travers eux. Moins d’État pour des sociétés pétrolières comme Koch c’est moins d’impôts, c’est avant tout plus de bénéfices, et un droit de polluer jamais remis en question.” ajoute Stéphane Nicolas.



On pourrait donc dire que, comme lors de l’épisode de la “Manif des cols rouges” en 2010 ou “Libarté je cris ton nom partout” en 2004, nos marcheurs de droite sont moins de farouches réactionnaires que des gens manipulés par des intérêts financiers. Allez savoir ce qui est le pire.

Leurs buts

Avec la grogne contre le gouvernement libéral, il est étonnant qu’un discours de droite parvient encore à trouver preneur. On l’a vu à Québec avec la “Manifestation des cols rouges”, ou 50,000 marcheurs ont réclamé “un ménage” dans les finances publiques. C’est à ce mouvement, ce monde là, à qui les droitistes s’intéressent.



Cependant, tout ce que proposent les droitistes est dans la droite ligne de ce qui est déjà mis de l’avant par l’actuel gouvernement depuis qu’il est au pouvoir, mais avec plus de virulence!

Les droitistes réclament des baisses d'impôts, ce qu’à fait le parti Libéral. Entre 2003 et 2007, l’État s’est privé, en baisse d’impôts, de 5 milliards de dollars. Remarquez que les impôts, méthode de financement progressiste, ont été sabrés pour préconiser des hausses de tarifs, manière régressive.

Les droitistes réclament mois d’État, alors que les libéraux sabrent déjà dans les dépenses publiques. Le budget Bachand supprimera une trentaine d’organisme et limitera la croissance des dépenses. Déjà, “la politique gouvernementale du remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite a un sérieux impact sur la qualité des services offerts par des organismes” (Fonction publique: la qualité des services souffre de l'attrition, les Affaires, 26 novembre 2010). Les partenariats-publics-privés (PPP) sont aussi une autre manière de “réduire l’État”, avec les conséquences désastreuses qu’on connaît (dépassements de coûts astronomiques refilés aux contribuables), à tel point que le gouvernement songe même à changer de cap.



Quoi d’autres. Les droitistes réclament des cliniques de soins privés pour pouvoir “avoir le choix”. Le gouvernement libéral ouvre déjà toute une série de cliniques à travers le province et met de l’avant un système de financement philanthropique privé tout en baissant le financement public. Même chose avec l’éducation...



La liste est longue des idées que mettent de l’avant les droitistes, de soi-disantes “nouvelles idées”, qui sont déjà des fer de lance de la politique du gouvernement actuel. Le “ménage des finances publiques”, ça fait depuis 2003 que Jean Charest travaille la dessus, et ses prédécesseurs ne faisaient guère mieux.

Pourquoi notre discours ne passe pas

Le désaveu de la population envers son gouvernement montre bien le rejet des politiques de droite. La question est de savoir pourquoi est-ce que la gauche ne s’impose pas logiquement comme alternative?



La position de la gauche se résume souvent à un retour à l’État providence. Un modèle qui a fait son temps et dont les gens sont justifiés d’entretenir une certaine lassitude. L’État a montré son rôle intoxiquant à de maintes reprises. Un tas d’organisations populaires (l’aide juridique, les CLSC) ont commencé par des initiatives de groupes de quartier qui visaient à offrir des services gratuits aux gens. Ces entreprises ont été complètement travesties par l'institutionnalisation étatique pour devenir une caricature de ce qu’elles étaient à l’origine.



C’est la que les libertaires se démarquent de la gauche traditionnelle. Les libertaires dénoncent l'accaparement des services publics par l’État. Les hôpitaux et les écoles peuvent être autogérés par les travailleurs, sans que personne n’aie besoin de leur tenir la main. De toute façon, défendre le système d’éducation bancal dans sa forme actuelle? Il est probablement moins pire que s’il était privé, mais on peut vraiment faire mieux.



Les déboires syndicaux n’aident certainement pas non plus. Les syndicats ne sont plus les vecteurs de changement social qu’ils ont déjà été. Leur copinage avec les milieux d’affaires et la mafia dégoûte tout le monde.



La gauche est aussi absente de l’espace public. Tout ce qui est toléré par les propriétaires de réseaux médiatiques est la présence d’une gauche molle et réformiste. Cela a bien été démontré lorsque, pour représenter la gauche, on a choisi le journaliste centriste Patrick Lagacé pour débattre contre Éric Duhaime, droitiste zélote (http://www.radioego.com/ego/listen/6298).

Il faut aussi mentionner que le niveau du discours populiste est probablement plus propice à l’écoute que le ton hautain, élitiste et parfois universitaire de certains tenants de la gauche.

Ça vas-tu aider un parti en particulier?

Au bout du compte, ce que propose le RLQ, Force Québec, les think thanks, Maxime Bernier et Johanne Marcotte, c’est une version plus douloureuse que nous propose déjà le gouvernement actuel. Le résultat de leurs actions ne se résumera qu’à fortifier l’adhésion pour tel ou tel parti, L’ADQ et le parti Conservateur, sans proposer de solutions ni d’alternatives crédibles à nos problèmes.

La réponse des libertaires

Puisque les droitistes ne nous proposent qu’un accroissement de notre misère, il est de notre responsabilité de crier notre refus de ces politiques rétrogrades. La seule option souhaitable est celle de prendre la rue. Seule la lutte paie!

Dénoncer l’imposture

Il faut dénoncer l’imposture de la droite qui consiste à faire des services publics (école, santé) une marchandise comme une autre. Il s’agit d’une rhétorique utilitariste qui considère que l’utilisateur (le consommateur) devrait assumer la plus grande partie des coûts. La rentabilité économique supplante ainsi les buts sociaux des services publics. Ces objectifs sont, entre autre, vivre en harmonie avec l’environnement. Développer un mode de vie sain et être en santé. Apprendre comment articuler un discours critique face au monde. Travailler pour vivre et non l’inverse. Lier des relations sociales harmonieuses. Ces objectifs ne peuvent être accomplis en excluant une partie de la population.

Je dis ça comme ça, mais une bonne façon d’agir sur le monde est de militer politiquement. Et heureusement, il est possible de le faire en dehors des partis politiques. L’Union Communiste Libertaire passe l’essentiel de son temps à dénoncer avec vigueur les forces militantes de la connerie universelle. Joignez la tribu des apaches!

Réinvestir le débat

Il faut réinvestir l’espace public. Discuter politique avec nos voisins. Écrire à la section opinion de nos quotidiens. Inviter notre entourage à assister à des conférences. Commenter les articles des blogues. Il faut se réapproprier le débat.

Conserver nos acquis

Il faut aussi constamment rappeler l’importance de conserver nos acquis que sont nos services publics gratuits. Il faut cependant aller plus loin. Le système scolaire doit être gratuit. Le système de santé doit être gratuit. Les garderies, la pharmacie, le logement... gratuit. C’est la seule façon de s’assurer une accessibilité maximale.

Revendiquer le terrain

Il faut aussi occuper le terrain revendiqué par la droite. Des objectifs comme la responsabilité citoyenne, l’efficacité, la lutte contre le gaspillage, la chasse à l’intégrisme religieux (musulman ou chrétien) n’appartiennent pas à la droite. Ça relève simplement du gros bon sens, un autre thème revendiqué par la droite. Et même si ça peut paraître des vérités de la Palice, ont doit le dire. Ce qui est évident pour nous ne l’est pas nécessairement pour les autres.

Se radicaliser

La meilleure réponse a été donnée par les argentins criant “Que se vayan todos”, qu’ils s’en aillent tous. Dégoûtes par l’abus des capitalistes fuyants le pays lors de la crise économique de 2001, les ouvriers ont repris le contrôle de leurs usines. C’est la voie qu’il faut suivre. Nous n’avons pas besoin d’une clique de politiciens ou d’hommes d’affaires pour nous dire quoi faire.



Il faut se réapproprier nos quartiers, nos lieux de travail, nos logements et nos écoles. Contre l’autoritarisme, il faut favoriser l’autogestion et la démocratie directe. C’est la seule manière d’arriver un jour à savourer une liberté authentique. 

Péladeau sauveur du nouveau Colisée (...et des députés conservateurs?)

Le Soleil aura rarement été plus explicite que ce matin. En effet, selon le quotidien de la capitale, le nouveau colisée est la seule planche de salut des conservateurs dans la région. Seul un financement public du fédéral pourrait renverser l'avance considérable que prend le Bloc québécois dans les intentions de vote.

Du pain et des jeux

Cette histoire de colisée a mis pas mal de politiciens dans l'eau chaude. Le maire, d'abord, qui avait peut-être surestimé son rapport de force en prenant pour acquis que tous les paliers de gouvernement lui dirait oui sans condition. Les conservateurs, ensuite, qui ont commencé par se faire prendre en photo avec un chandail des nordiques, juste avant de se faire envoyer promener par leurs collègues de l'ouest.

À Voix de faits, nous ne sommes pas friand des théories de la conspiration mais avouons tout de même que le hasard fait bien les choses. Devant l'impasse, voilà que le plus à droite des grands patrons, PKP, vient à la rescousse et mets «plusieurs dizaines de millions» sur la table. C'est drôle, c'est justement l'argent du privé qui manquait aux conservateurs pour dire oui au projet du «social-démocrate en colère»...

Est-ce que la porte sera suffisamment ouverte pour permettre aux conservateurs de s'y engouffrer à temps pour les élections? C'est ce qu'on verra.