lundi 16 juillet 2007

Le scandale de l’aide sociale

En avril Le Devoir levait le voile sur une partie du scandale de l’aide sociale. Des gens qui reçoivent un coup de main régulier de proches ou d’amis se font couper leurs chèques, même si c’est en nature. L’État tolère la charité institutionnalisée mais pas la solidarité bêtement humaine, celle des amis ou de la famille. «Impossible d’avoir une solidarité sociale dans la dignité» en a conclu le Front commun des personnes assistées sociales.

En vérité, il n’y a pas de dignité possible à l’aide sociale. Le scandale que dénonce Le Devoir n’est que la pointe de l’iceberg. Il y a aussi les mères monoparentales qui se font couper la pension alimentaire. Ceux qui partagent un logement avec de la parenté qu’on coupe. Et combien d’autres situations?

Mais il y a plus. Le gouvernement divise les personnes assistées sociales entre « bons pauvres », les personnes inaptes au travail qui ont droit au « gros chèque », et les « mauvais pauvres », les personnes aptes au travail qui n’y ont pas droit. Celles-là, on va leur donner moins que le strict minimum, de peur qu’une prestation décente les
« désincite » au travail.

(…) Ce qu’on fait vivre aux personnes assistées sociales est inacceptable et indigne d’une société évoluée. On stigmatise les gens, on ne leur donne pas les moyens de s’en sortir et on les force à survivre de peine et de misère. On les punit pour ne pas avoir réussi à s’intégrer sur le marché du travail. Au Québec, on hait les perdants et on s’amuse à cogner dessus.

Il y aurait bien des choses à changer à l’aide sociale. À commencer par la distinction entre « aptes » et « inaptes » au travail. Mais le cœur du problème reste l’insuffisance des prestations. À 548$ par mois, il est impossible d’arriver et de chercher activement de l’emploi. La personne est plongée dans une logique de survie et doit courir les banques alimentaires et les groupes communautaires. Sans parler des exigences des agents du gouvernement. Ça devient rapidement une job à temps plein! Mais quand les groupes communautaires proposent d’augmenter les prestations, ils se font regarder croche et la première question qu’ils se font poser c’est « combien ça va coûter? » Curieusement, personne ne s’inquiète du coût social de garder tant de gens dans la misère à l’année longue.

(Publié pour la première fois dans le numéro 14 de Cause commune, mai 2007)

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