jeudi 23 octobre 2008

C'est la grève... dans une épicerie près de chez-vous

Vers 10h mercredi matin, quelques 800 personnes ont quittés leur poste de travail en même temps pour rejoindre une ligne de piquetage. C'était le début d'une nouvelle grève générale illimitée. Rien de bien original là dedans... Et pourtant, il s'agit du plus fort mouvement de grève depuis bien longtemps dans le secteur des services. En effet, le mouvement touche treize épiceries Maxi de l'est du Québec (dont sept dans la région de Québec).

«On a donné pas mal de chances à la négociation. Mais un moment donné, il faut que ça arrête»
(un syndiqué cité dans Le Nouvelliste)

Les employéEs concernéEs négocient depuis plus de deux ans. Pourquoi la grève maintenant? La chaîne a cédé devant le syndicat à Baie Comeau et a offert des conditions qui ferait l'affaire des salariéEs. On parle entre autre d'une augmentation de salaire de 3% par année, ce qui ne serait que justice quand on sait que le maigre salaire des employéEs est gelé depuis... six à huit ans (dépendant des cas). Autres enjeux: une protection pour les employéEs régulierEs, la rotation pour la journée du dimanche, le choix des horaires par ancienneté. Bref, rien d'extraordinaire mais des trucs qui peuvent faire toute la différence dans la qualité de vie.

La stratégie syndicale dans cette négociation est relativement simple: le local 503 des TUAC veut uniformiser les conditions de travail dans un maximum de magasins et ne négocier qu'une seule convention collective (une demande d'accréditation unique pour 13 épiceries a d'ailleurs été déposée). Il s'agit d'une stratégie de syndicalisme industriel qui a fait ses preuves. Les patrons ne veulent rien savoir. Même s'il ne s'agit pas de franchisés, même si le travail est le même partout, ils s'entêtent à vouloir gérer le tout magasin par magasin, en fonction de la rentabilité des boutiques. Bref, ils veulent maintenir le précariat qui a fait leur fortune.

Non content de vouloir monter les syndiqués les uns contre les autres, la compagnie veut aussi monter les clientEs contre les employéEs. Dans une pub publiée aujourd'hui, Loblaws admet candidement que leur engagement d'offrir le panier le moins cher est directement lié aux conditions de travail. Bref, c'est grâce à l'exploitation honteuse de leurs salariéEs --qui gagnent en moyenne 11$ de l'heure-- qu'ils peuvent nous offrir ces offres imbattables et, par ricochet, engranger les profits que l'on sait.

La lutte s'annonce dure. Déjà, la menace de fermeture plane pour certaines épiceries. Pour faire changement, il serait bon de se ranger du côté de ceux et celles qui luttent. Partir en grève n'est jamais facile, nous saluons ceux et celles qui ont le courage de le faire. Si vous croisez une ligne de piquetage sur votre chemin, prenez le temps de vous arrêter pour jaser ou de klaxonner votre sympathie. C'est bien le moins que l'on puisse faire...

==> le site du syndicat

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