lundi 31 mars 2008

À soir on fait peur au monde...

Un lecteur de ce blogue nous a envoyé un article paru dans la presse quotidienne roumaine sur le mouvement anarchiste là bas. Wow ! Dans le genre jaunisme policier, ça bat même le Journal de Montréal dans ses pires délires. Finalement, à choisir entre pas d'attention méditatique et ça, on préfère pas d'attention!

SOMMET DE L'OTAN • Les "anars" de Bucarest sur le pied de guerre


Le quotidien bucarestois Adevarul a poussé la porte du quartier général de l'Initiative libertaire, où s'échafaudent les plans destinés à perturber le prochain sommet, ultrasécurisé, de l'Alliance atlantique.

L'approche du sommet de l'OTAN, qui se déroulera du 2 au 4 avril 2008 à Bucarest, a déjà mobilisé tout ce que la Roumanie compte d'organisations "révolutionnaires", et, dans le plus grand secret, celles-ci se préparent à perturber la grand-messe euratlantique. Parmi elles figure l'Initiative libertaire, un mouvement qui se veut international et qui sert de relais aux nombreux contestataires étrangers qui ont déjà réservé leur billet pour Bucarest.

D'après des sources officielles de la police, c'est l'Initiative libertaire qui aurait été la destinataire du matériel anti-OTAN découvert la semaine dernière à la frontière bulgaro-roumaine, près de la ville de Calafat (sud du pays). La police des frontières a découvert, dans des véhicules immatriculés en Allemagne, des CD, des magazines et toutes sortes de tracts antimondialistes. Considérant qu'ils représentaient une menace pour l'ordre public et la sécurité nationale, les policiers ont reconduit en Bulgarie les six jeunes ressortissants allemands, qui s'apprêtaient à pénétrer en Roumanie. Nos forces de police avaient des preuves selon lesquelles ils appartenaient à une organisation anarchiste allemande.

Dans la capitale roumaine, le fief de l'Initiative libertaire se trouve dans une ruelle obscure, près de la gare du Nord. Nous poussons la porte du quartier général de nos libertaires locaux. L'endroit est discret, sans enseigne – seuls quelques graffitis de slogans anarchistes rue Grivitei trahissent sa présence. Au rez-de-chaussée se trouve un café ouvert à tous. Mais pour accéder à l'étage, un lieu aux murs de couleurs mornes d'où filtrent les accords des Sex Pistols, il faut montrer patte blanche. C'est le célèbre morceau Anarchy in the UK, considéré un peu comme l'hymne de tous les rebelles du monde, qu'on entend. Et c'est ici, dans deux pièces enfumées, que les "anars" échafaudent leurs plans pour perturber les festivités de l'OTAN. Les intrus ont droit à des regards suspicieux. Le maître des lieux est un certain Molotov, un musicien underground bénéficiant d'une double citoyenneté, roumaine et américaine. Auras, Rares, Simina, Malina, Diana et Paul, de jeunes Roumains encore lycéens, sont quelques-uns des membres présents ce jour-là. Connaissent-ils les risques auxquels ils s'exposent en sortant manifester dans une ville qui deviendra une véritable forteresse entre le 2 et le 4 avril [voir les Repères] ?

Selon un rapport récent des services de sécurité roumains, le mouvement anarchiste est dirigé en Roumanie par un "carré" très international, composé d'un ressortissant grec qui évite de donner son véritable nom et se présente comme "le Che", d'une jeune Allemande qui agit dans les milieux scolaires et universitaires, d'un jeune Bulgare issu d'une famille d'agriculteurs et d'un Français qui s'érige en patron des arts et lettres à Iasi [grande ville du Nord-Est roumain]. Fidèles aux stratégies de conspiration, ils éviteraient de se retrouver en première ligne, laissant les jeunes recrues faire leurs preuves dans la rue.

L'Initiative libertaire est un groupe assez récent, mais ses membres ont pu tester leur potentiel dans plusieurs actions qui se sont déroulées l'année dernière. Dans une marche "contre toutes les formes de discrimination", en novembre 2007, ils ont défilé avec des drapeaux et des symboles anarchistes, une part d'entre eux portant des masques et des cagoules. Un accoutrement typique du Black Block, le bras armé des groupes anarchistes du monde entier. Les anarchistes roumains ne bénéficient pas de beaucoup de sympathie au sein de la population, parce qu'on les considère comme "violents". Mais ces derniers temps ils se sont plutôt illustrés en protestant contre la discrimination vis-à-vis des Roms et en se faisant les apôtres d'un "humanisme antimilitariste".


Repères

• La capitale roumaine a prévu des mesures de sécurité sans précédent pour le sommet de l'OTAN, du 2 au 4 avril. Ce sommet rassemblera une cinquantaine de chefs d'Etat et de gouvernement, dont les présidents américain, George W. Bush, et français, Nicolas Sarkozy, de même que le président russe sortant, Vladimir Poutine. Plus de 23 000 gendarmes, policiers, pompiers et membres des services spéciaux roumains seront affectés à la sécurité de cette réunion.

• Outre les attentats, les autorités roumaines craignent les actions des militants antimondialisation. Selon plusieurs sites Internet, ces derniers se sont
donné rendez-vous à Bucarest pour un "sommet anti-OTAN", des bus au départ de Berlin, notamment, étant prévus pour les intéressés. Selon la presse de Bucarest, quelque 8 000 gendarmes ont été spécialement formés, notamment par l'Allemagne et la France, pour faire face aux "anti" de tout poil.

(Source: Courrier International)

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