samedi 8 mars 2008

DVD: Goya et ses fantômes

Ne vous laissez pas tromper par la jaquette du DVD, Goya, bien que personnage important, n'est qu'un prétexte à cette fresque. Ce film parle d'intégrisme et de fanatisme, de la barbarie catholique et de l'impérialisme.

En 1792, Francisco Goya est le peintre le plus populaire d'Espagne. Alors que l'empire est en déclin et que la révolution fait rage en France, l'Église relance férocement le «saint-office», l'inquisition, dans une tentative de maintenir son emprise totalitaire sur la société espagnole. Déjà tourmenté par l'époque, comme en témoignent ses gravures, le monde s'invite chez le peintre quand sa muse est arrêtée par l'inquisition et qu'il se trouve mêlé, presqu'à son corps défendant, dans les tentatives désespérées de sa famille pour la sortir des griffes des moines. C'est la barbarie catholique, qui n'a franchement rien à envier à l'intégrisme islamique, qui est ici dénoncée. Mais le film ne s'arrête pas là. Quinze ans plus tard, alors que la République française démocratique et populaire s'est transformée en empire conquérant, l'Espagne est envahie pour la «libérer». La monarchie est abolie, l'Église remise à sa place et l'inquisition jugée pour ses crimes mais la démocratie n'est pas au rendez-vous. Les français, aussi universels et généreux soient leurs idéaux, restent une armée d'occupation honnie qui commet les crimes qu'on associe généralement à ce genre d'entreprise (viols, abus de pouvoir, violence sanguinaire, etc.). Les espagnolEs, comme les afghanEs, se retournent rapidement contre leurs «libérateurs»... Et on suit, tant bien que mal, les tribulations d'un Goya qui tente de faire son chemin, et d'aider son ancienne muse toute droit sortie des geôles de l'Église, sans trop se perdre dans tout ça.

À une époque où l'impérialisme «démocratique» est de nouveaux sensé combattre l'intégrisme religieux et «libérer» des peuples, Miloš Forman nous rappelle qu'on n'a de leçon à donner à personne et que, finalement, ce sont toujours les peuples qui se libèrent eux-mêmes. Oh, et le tout dans un très beau film d'époque.

Goya et ses fantômes (Goya's Ghosts), un film de Milos Forman, avec Javier Bardem, Natalie Portman, Stellan Skarsgard, Randy Quaid. Espagne 2006.

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