mercredi 20 mai 2009

Coup de gueule

Quand on regarde autour, il faut bien l'admettre, c'est assez facile d'être désabusé.

Les populistes occupent les médias et sont vénérés par une plèbe de dévôts à calotte alors qu'on met à la porte les journalistes qui se tiennent (800 postes de plus seront supprimé à Radio-Canada). On salue avec des salves d'honneurs le bateau-salle-de-torture chilien l'Esmeralda alors que les victimes sont traitées de menteurs. Un ex-premier ministre se débat dans un scandale de corruption avec des relents nauséabonds d'un mélange de déjà-vu et de théâtre burlesque. L'ex gourou de la Caisse de Dépot exhibe sa moustache et parle six heures sans rien dire. Des politiciens, des hommes d'affaires russes aux mains sales et des parodies d'institutions publiques continuent à soutenir l'indéfendable projet Rabaska.

Même la ministre des ainées entre dans l'arène de l'idiotie en beauté en proposant la solution magique d'envoyer des clowns pour régler le cas des personnes âgée isolées.

Hier on parlait encore autour de la table des relations consanguines entre les cadres d'un cégep qui s'octroient des vacances entre eux tout en refusant celles des employés subalternes. J'étais là à me dire, "c'est tellement commun que je me demande encore comment est-ce que j'arrive à m'en étonner".

Et de là, résonne dans mon esprit le cri de défiance d'Émile Henry.

"On m'avait dit que cette vie était facile et largement ouverte aux intelligents et aux énergiques, et l'expérience me montra que seuls les cyniques et rampants peuvent se faire bonne place au banquet."

"On m'avait dit que les institutions sociales étaient basées sur la justice et l'égalité, et je ne constatais autour de moi que mensonges et fourberies."

Telle fut l'éclatante lucidité du condamné face à ses bourreaux le 27 avril 1894. Après plus d'un siècle, l'humanité est toujours à répéter la connerie. L'idiotie en marche. Le crétinisme militant.

J'aimerais conclure ce coup de gueule sans queue ni tête, parce que tout a été dit cent fois, en vous laissant par un mot d'espoir du poête Stéphane Robitaille.

"Les amours en dormance
à la fin du dégel
les frontières qui cèdent
aux désirs des cités
la misère grugeant
les barreaux de l'échelle
et le grand capital enfin décapité

ça viendra, tu verras, ça viendra"

1 commentaire:

BlackBloc a dit…

Le plus tragicomique dans l'histoire de la caisse de dépôt, c'est qu'à la réplique "J'ai fait d'énormes sacrifices pour servir le peuple québécois, j'aurais pu faire des millions de plus dans le privé" il y ait encore une sorte de sympathie de la presse alors que n'importe qui avec encore un cerveau dans la boîte cranienne ressentirait immédiatement le besoin pressant de ressortir l'échafaud.

Ca prend du front tout le tour de la tête pour te dire que, avoir su le peu de gratitude qu'on lui montrerait, il nous aurait plumé encore plus.