mardi 19 mai 2009

Luttes urbaines et changement social (Introduction)



Manif contre la circulation de transit dans Saint-Jean-Baptiste, 22 septembre 2008 (photo: Voix de faits)


Luttes urbaines et changement social (Introduction)
Une série printannière sur Voix de faits


Luttes urbaines et changement social
Déjà paru:
Les vieux quartiers populaires sont devenus des terrains de lutte de classe importants. Sous couvert de revitalisation et pour répondre aux besoins de la dictature automobile, on démolit, construit et défigure à tour de bras. Face aux bourgeois, grands ou petits, et à l’État, des gens se lèvent et la résistance s’organise en comités de citoyenNEs et groupes populaires. Droit au logement, services et médias communautaires, aménagement urbain, revendications locales, les habitantEs des quartiers veulent avoir leur mot à dire et maîtriser leur environnement immédiat. Pour qui ne s’enfarge pas dans les fleurs du tapis, c’est l’une des rares expressions contemporaines d’antagonisme socio-politique et, n’ayons pas peur des mots, de conscience de classe (au moins potentiellement). Voilà qui est précieux pour ceux et celles qui veulent changer le monde.

Une série sur Voix de faits...


Ce printemps, je vais publier une série de textes intitulée «Luttes urbaines et changement social» sur Voix de faits. Sauf la première semaine, ou deux textes seront publiés coup sur coup, le rythme de publication sera vraisemblablement hebdomadaire. Outre l'introduction, j'envisage quatre textes. Le tout reprendra essentiellement la trame d'un atelier donné au Salon du livre anarchiste de Montréal et, si tout va bien, se terminera par une brochure et, qui sait, un autre atelier.

...sur les luttes urbaines


Luttes urbaines... L'expression a connu son heure de gloire à la fin des années 1960 et durant les années 1970. Après la mort de la plupart des comités de citoyens et la mutation du mouvement populaire en mouvement communautaire atomisé, on n'en a plus réentendu parlé. Pourquoi donc s'intéresser à ça aujourd'hui?

Tout d'abord, parce qu'il y a de plus en plus de phénomènes que l'on peut qualifier sans problème de luttes urbaines. Échangeur Turcot et boulevard Notre-Dame à Montréal, plan d'urbanisme à Sherbrooke, circulation de transit à Québec, les exemples abondent. On observe même, pour la première fois depuis 30 ans, la fondation de comités de citoyens autour d'enjeux de quartier.

Ensuite, il y a de plus en plus de libertaires qui s'investissent dans les luttes urbaines, que ce soit sur une base autonome ou en s'impliquant dans le mouvement communautaire. Cela témoigne, bien sur, d'une volonté d'insertion sociale et du désir de «faire quelque chose». Ceci dit, ce type de militantisme tourne facilement en rond et il y a peu d'espaces pour faire un retour critique sur cette impliquation.

À distance égale du cynisme décapant de certainEs, qui ne voient dans le mouvement communautaire que réformisme et bureaucratie, et de l'optimisme naif d'autres, qui célèbrent un peu vite leurs premières «avancées» dans le mouvement en feignant de ne pas voir les limites de leur engagement, cette série discutera du potentiel réel des luttes urbaines. Non pour identifier les meilleures stratégies de «colonisation» possible pour les anarchistes mais plutôt de la pertience des luttes urbaines «en soit» et de ce qu'elles apportent à une perspective libertaire du changement social.

Idéalement, les textes s'appuieront sur des exemples concrets tiré des expériences du mouvement populaire à Québec et tenteront une élaboration théorique sur les deux thèmes des luttes urbaines dans une perspective de contre-pouvoir et de la place des quartiers dans le projet politique libertaire.


Nicolas Phébus
Québec, 19 mai 2009


Mise en garde: Nicolas Phébus est l'un de ces anarchistes qui travaille dans un groupe populaire... et qui y croit! Il est aussi membre de l'UCL.

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