mardi 6 janvier 2009

Gaza: la mobilisation prend de l'ampleur


Selon un journaliste de La Presse, au moins 5 000 montréalais-es ont manifesté dimanche contre le bombardement et l'invasion terrestre de la bande de Gaza par l'armée israélienne (source). C'est quand même pas rien.

La réaction à ce qui se passe actuellement est tout même hallucinante. L'attitude du gouvernement canadien est carrément honteuse dans le dossier. En effet, le chef de la diplomatie canadienne a posé comme condition à un cessez le feu l'arrêt des tirs de roquettes. C'est clair, pour l'État fédéral, c'est Israël la victime dans cette histoire et la riposte n'est que «légitime défense». On passe ainsi sous silence deux faits sommes toutes importants: les palestinien-ne-s sont sous occupation militaire étrangère depuis plus de 60 ans et I
sraël bafoue allègrement toute une floppée de motions de l'ONU concernant la Palestine. Soyons juste, indépendamment de la haine et du dégoût que nous pouvons ressentir face au Hamas, c'est Israël l'agresseur dans le dossier et les victimes sont les civil-e-s palestinien-ne-s. D'ailleurs, le simple fait qu'il y ait plus de morts à Gaza depuis le début de «l'opération» que de roquettes lancées vers Israël devrait porter à réfléchir...

Mais le nationalisme et l'idéologie aveuglent bien des gens. Ainsi, toujours dans La Presse, le directeur général de Québec-Israël présentait la manifestation montréalaise de la fin de semaine comme «profondément haineuse». On essaie de nous faire croire que toute critique de l'agression israélienne est un signe d'antisémitisme. C'est d'un ridicule consommé. Surtout que, comme nous l'avons montré ici même avec une série de vidéos, la société civile israélienne est loin d'être unanime face à l'explosion de violence dont se rend coupable son État. Alors voilà, il est légitime d'être dégoûté par ce qui se passe et de le crier, tout comme il était légitime de l'être par ce qui s'est passé au Liban il y a deux ans. La décence élémentaire exigerait que le Canada se la ferme, à défaut de condamner une agression militaire sauvage contre une population civile à peu près sans défense.

Parlant de la résistance dans la société israélienne, voici un court texte que publiait Alternative libertaire dans son édition de décembre:


Michel Warshawski : « Les anarchistes entraînent le mouvement anticolonialiste »

Célèbre militant anticolonialiste lié à la IVe Internationale, Michel Warshawski préside depuis plusieurs années le Centre d’information alternative de Jérusalem. Il a emmené les jeunes de Génération Palestine faire une visite guidée en bus de la banlieue et des alentours de Jérusalem, où il a décrit et expliqué l’avancée de la colonisation, avec la création d’une banlieue « démographiquement homogène » (comprenez sans Arabes). Il a démontré comment la stratégie d’Ariel Sharon continuait de s’appliquer sans lui, avec l’« israélisation » de l’espace par la politique du fait accompli. L’État construit des routes interdites aux Palestiniens, dont le but est parfois moins de constituer un axe de communication que d’atomiser le territoire palestinien. Les Palestiniens et les Palestiniens doivent emprunter des tunnels pour traverser ces voies. C’est la « ségrégation routière ».

Michel Warshawski a répondu à nos questions.


Où en est le mouvement pacifiste et anticolonialiste israélien aujourd’hui ?

Michel Warshawski : Le mouvement dans son ensemble se trouve plutôt au creux de la vague. Il faut distinguer deux composantes, celle anticolonialiste, antiraciste, contre l’occupation, forte de 2 000 à 3 000 membres, qui se porte plutôt bien mais reste marginale. Et le mouvement pacifiste plus modéré, plus massif, organisé autour de La Paix maintenant, qui est en perte de vitesse.


Quelle place y ont pris les Anarchistes contre le mur ?

Une grande place. C’est un mouvement que j’affectionne particulièrement, réellem
ent à la pointe du mouvement anticolonialiste, qu’ils et elles réussissent à entraîner, et pas seulement contre le mur. C’est un mouvement de jeunes, que je qualifierais quasiment d’avant-garde, très combatif, également en phase avec des problématiques de la société israélienne. Cette impulsion qu’ils apportent est aussi synonyme d’un changement. La jeunesse israélienne se réveille.

Avec quelles forces palestiniennes les anticolonialistes travaillent-ils aujourd’hui en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ?

Ça dépend du combat. Contre le siège de Gaza par exemple nous travaillions avec des coalitions nationales, souvent des coalitions assez larges, comprenant le Hamas. Pour la lutte contre le mur nous travaillons plutôt avec les comités populaires, comme actuellement à Nil’in. Mais les organisations politiques y sont aussi présentes. D’une façon générale, on travaille avec qui veut bien.

Propos recueillis par Nicolas

Michel Warshawski est un militant anticolonialiste et antisioniste israélien. Il souhaite le remplacement d’Israël par un État binational. Il a été condamné à 20 mois de prison ferme en 1989 pour avoir imprimé des tracts du FPLP.

Extrait du numéro de décembre d'Alternative libertaire.

3 commentaires:

Pwel a dit…

Merci pour la diffusion de cette intéressante entrevue.

Anonyme a dit…

Chapeau Nico

Nicolas a dit…

Euh... moi je l'ai juste recopié du site d'AL. C'est un autre Nicolas qui a fait l'entrevue...