jeudi 2 août 2007

L’anarchie de A à Z - « N » comme Nationalisme

La fierté nationale, quel sentiment étrange! Comme il est facile d’oublier que la « nation québécoise » s’est construite grâce au pillage des terres et à l’extermination quasi complète d’autres peuples et cultures. À qui appartient la « nation »? Aux travailleurs et aux travailleuses qui l’ont construite ou aux élites qui en ont profité? Qui décide de « l’avenir de la nation », des « valeurs de la nation »? Que penser du paradoxe de l’exaltation de la fierté nationale d’une part et du fatalisme qui entoure toute discussion sur la mondialisation et « l’ouverture » de l’économie…

S’il semble aujourd’hui « normal », le nationalisme n’a pas toujours existé. Il a été inventé de toute pièce à une époque où la bourgeoisie construisait des États pour encadrer les marchés qu’elle entendait dominer. Le nationalisme fut le ciment permettant et justifiant la création de l’État-nation. Ce processus de création d’une nouvelle « communauté politique », soudée par le nationalisme, n’a pas été simple et sans contradictions. Plusieurs nations peuvent en effet se côtoyer sous un même État, pensons notamment aux pays d’Europe ou au Canada…

L’utilité du nationalisme du point de vue des élites est évidente. Détourner les masses en général, et la classe ouvrière en particulier, des conflits sociaux qui surgissent périodiquement à l’intérieur même de la « nation », notamment en ce qui concerne la répartition de la « richesse nationale », pour les mobiliser dans une compétition internationale avec les autres « nations » ou contre les « étrangers ». On sait que l’exacerbation de cette compétition internationale mène à des guerres fraticides et autres « interventions militaires ». La bénigne « fierté nationale » se mue alors en patriotisme revanchard et réactionnaire qui fait de « l’autre » un ennemi.

Pour faire face au nationalisme, le mouvement ouvrier a historiquement proposé l’internationalisme. L’idée toute simple que les travailleurs et les travailleuses des différents pays avaient plus d’intérêts en commun qu’ils et elles n’en avaient avec leur bourgeoisie respective. Ça ne signifie pas renier nos identités particulières, simplement de reconnaître deux choses : d’une part que la diversité culturelle est une richesse de l’humanité ; et, d’autre part, qu’au delà de ces identités particulières nous participons tous et toutes d’une même humanité. Au nom de cette commune humanité, nous ne saurions tolérer d’exploitation et d’oppression d’aucune sorte.

S’opposer ainsi au nationalisme, lorsque l’on vit dans les pays impérialistes, est relativement simple. Le problème est que le nationalisme des uns est aussi l’impérialisme des autres et qu’il existe dans le monde de nombreuses situations d’oppression nationale. Dans ces cas, le nationalisme n’a pas inévitablement un contenu entièrement négatif et réactionnaire. Certains révolutionnaires pensent pouvoir prendre un raccourci en empruntant la voie nationaliste dans les pays dominés par l’impérialisme. Les anarchistes ne sont pas d’accord. Nous croyons que la défaite de l’impérialisme ne viendra que d’une révolution sociale menée contre les impérialistes et la classe dirigeante locale. Cette révolution sociale devra se répandre au delà des frontières nationales. Nous devons encourager et développer la solidarité internationale qui un jour jettera la base pour une révolution sociale globale.

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Extrait de Cause commune no 15

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